Les oeuvres de Jean-MarcAguilar provoquent des impressions relevant de phénomènes et de rencontres imprévisibles, que l’artiste qualifie volontiers comme « des accidents ». Observons par exemple ses Eoliennes musicales qui, telles des fleurs, balancent leur corolle augré des vents et courants thermiques, égrènent quelques notes de musique qui se mêlent au grincement mécanique des élytres et au murmure des courants d’air. Le champ des Eolienne propage son chant. Dans un esprit Fluxus, Jean-Marc Aguilar récupère et assemble ingénieusement toutes sortes de matériaux, matières et objets, afin de provoquer surprise, étonnement, réanimant en chacun le sens de l’émerveillement et du jeu. Ainsi son Bouquet de poissons recrée en version aérienne les mouvements d’un banc de perches observés dans l’eau, le monumental Mobile, quant à lui, exhibe des galets emprisonnés depuis des millénaires dans les glaces du Mont-Blanc et qui contribuent maintenant à mettre en branle une étrange machine. Avec légèreté et une apparente insouciance, la mise en relation incongrue de divers univers physiques, sensibles, mais aussi linguistiques par l’usage récurrent du calembour, du jeu de mots ou du paradoxe, génère des transports de sens et de significations exprimant une réelle rhétorique poétique.
Texte: Françoise-Héléne Brou (Historienne d'art)